Les Indécis
Ces tableaux sont souvent dominés par une masse de couleur intense produite par des étalements successifs de fines couches très liquides mais très chargées en pigments, par des coulures ou des projections. Des expansions colorées assez simples, nuancées par de larges bandes faites au spalter ou avec le chiffon au travers de la toile, charpentées par des tracés intérieurs plus ou moins visibles, et toujours arrimées sur les bords latéraux du tableau par quelques axes horizontaux. Une dialectique entre l’opacité et la transparence s’y effectue. Des surfaces colorées se superposent, parfois se contredisent ; tandis que certaines s’écoulant librement vers le bas de la toile font ressentir une « gravité », un sol dans lequel s’ancre la figure, des traits ou d’autres nappes de couleurs viennent contrebalancer, sceller ou tenir le courant d’énergie. Au fond, aucune partie des tableaux n’est transparente : même dans les parties blanches, tous les peints utilisés sont dotés d’une telle densité et d’une telle matité qu’ils se construisent comme un champ de peinture pure où s’agitent ces éléments picturaux, compositionnels et gestuels. Par ces tensions et ces dialectiques, ces peintures représentent des champs à la fois clos, intenses, et ouverts, étendus.

Sylvie Lin, pour la galerie Jacques Lévy (Paris) :
Olivier Marty : une œuvre en tension  (extrait).